L’Espagne... vue par la France.
1875, c'est l'année qui voit naître Maurice Ravel. C'est aussi l'année où, à un mois d'intervalle, deux chefs-d'œuvre inspirés par l'Espagne viennent à la rencontre du public parisien : la Symphonie espagnole de Lalo (en février), et la Carmen de Bizet (au tout début mars). Autant Carmen se soldera par un échec, autant la symphonie de Lalo soulèvera un public enthousiaste ! (Bien qu’ayant des origines espagnoles, Lalo, dont nous célébrons le bicentenaire, était natif de Lille !). Empreinte de fantaisie, de légèreté et de liberté, sa Symphonie espagnole est-elle d’ailleurs bien une symphonie, ou un concerto en forme de symphonie ?
C’est en réécoutant cette célébrissime ouverture de Carmen pleine de feu que nous comprenons comment le sort malheureux de la création de l’opéra a été conjurée.
Moins de dix ans plus tard, autre triomphe d'une plume française célébrant l'Espagne : Chabrier, après six mois passés à parcourir la péninsule ibérique et à s'extasier devant tant de nouveautés, devient célèbre du jour au lendemain grâce à cet España dont le public - galvanisé - exige qu'il soit bissé.
En 1899, Ravel est un tout jeune compositeur basque de vingt-trois ans, encore élève au Conservatoire de Paris. Sa Pavane pour une Infante défunte ne rend hommage à l'Espagne qu’en voisin, sinon de loin... mais avec une infinie délicatesse.
L’Espagne, la vraie, n’est pas absente de ce concert, qui s’ouvre avec Intimismos, belle mise en musique de ses propres poèmes par la grande compositrice Ángeles López Artiga.