Interprète discrète sinon secrète, Junko Okazaki pratique l'art de l'effacement. Elle ne joue pas pour briller et la virtuosité pour la virtuosité ne l'intéresse pas. Tels ces poètes de haïkus qui dédaignent les images éblouissantes pour saisir l'essentiel du moment vécu, la pianiste cherche dans la musique le motif qui l'a fait naître. Le lyrisme ne constitue pas pour elle un but mais apparaît plutôt comme un résultat, lorsque le monde intime du musicien devient soudain sensible.
Loin d'une musicalité de pure forme ou d'une musicalité de l'éloquence et du pathétique, cette artiste n'a de style et d'originalité qu'au service du compositeur qu'elle interprète. À une époque où l'on semble parfois écouter davantage les stars du piano que la musique elle-même, elle pourrait presque passer inaperçue !
Didier Lemaire