Après s’être installé à Miami en 2019, Alfredo Rodriguez s’est rendu compte qu’il n’y avait que de trop rares collaborations et croisements existants entre musique latine traditionnelle et latin jazz. Coral Way sert de tissu conjonctif entre ces mondes - un propos artistique servant à mettre en valeur la diversité de la communauté latine, pour qu’elle se sente vue, entendue et qu’elle soit fière de son histoire, constituant ainsi une large communauté faite de nombreuses individualités. Alfredo Rodriguez explique : « Je joue ce que je vis et Coral Way est ma nouvelle vie. C’est le nom de la rue dans laquelle, pendant 3 ans, j’ai composé cet album. Je me réjouis que les gens du monde entier puissent enfin l’écouter. » Né et élevé à La Havane à Cuba, la vie d’Alfredo Rodriguez n’a pas toujours été évidente du fait des nombreuses restrictions imposées par son pays. Inscrit par ses parents dans un conservatoire classique, son premier professeur l’exclut rapidement, prétendant qu’il n’a aucun talent. Cela ne l’empêche pas pour autant de développer son amour pour l’instrument au point de, faute de piano à la maison, peindre les 88 touches sur la table de ses parents pour faire ses gammes. En 2006, alors qu’il n’a que 19 ans, il reçoit une invitation pour représenter Cuba au Montreux Jazz Festival au concours international de piano solo. Après une excellente audition dans la catégorie «compositeur», il est accepté et se rend en Suisse où il est invité dans le chalet de Claude Nobs, fondateur du festival, pour divertir les invités de ce dernier, dont le légendaire producteur de Quincy Jones. Les cubains n’étant pas autorisés à travailler aux Etats-Unis à cette époque, le seul moyen pour Alfredo Rodriguez de vivre pleinement la carrière qui l’attend est de renoncer à sa citoyenneté cubaine et ainsi mettre en péril sa capacité à pouvoir rentrer chez lui. Après un an et demi de réflexion, Alfredo Rodriguez prend donc la difficile décision de quitter sa famille pour un pays lui offrant la possibilité de partager sa musique avec le plus grand nombre. Une décision qui en valait la peine non seulement parce qu’il a déjà fréquenté les scènes les plus prestigieuses du monde comme celles du Playboy Jazz Festival, North Sea Jazz Festival, Jazz in Marciac, Umbria Jazz et Jazz à Vienne, mais aussi car il a été nominé aux Grammy Awards dans la catégorie «Meilleur arrangement instrumental» pour le titre «Guantanamera» de son album The Invasion Parade. Pendant sa première tournée en Chine, il lui a même été proposé de travailler avec Tan Dun, Siedah Garrett et Quincy Jones afin de composer la version anglaise de la chanson de l’Exposition Universelle de Shanghai de 2010. Alfredo Rodriguez devient alors le premier artiste non-chinois à recevoir cet honneur. Au fil des années, il reçoit les éloges de la presse internationale et vient même à se produire dans le cadre des célèbres Tiny Desk Concerts de NPR Music. Alfredo Rodriguez continue de partager sa musique avec un message percutant de persévérance et d’interculturalisme que ce soit dans le cadre de ses tournées internationales, ou dans ses vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux où on peut le voir jouer des standards à la sauce timba cubaine.